Stress Post traumatique
Echelle des situations traumatisante dans la population en générale
Nature de l’évènementMort soudaine et imprévue d’un procheAgressionMenace d’une armeCombat militaireAgression sexuelleMenace d’une arme blanche
Battu sévèrement Voir quelqu’un qui est gravement blessé ou tué Accident grave de véhicule Désastre naturel Diagnostique imprévu de maladie mortelle |
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Stress aigu, stress post-traumatique et stress post traumatique chronique.
Définition, points communs et différences.
Le sujet a été exposé à un événement traumatique dans lequel les deux éléments suivants étaient présents :
- Le sujet a vécu, a été témoin ou a été confronté à un événement ou à des événements durant lesquels des individus ont pu mourir ou être très gravement blessés ou bien ont été menacés de mort ou de graves blessures ou encore durant lesquels leur intégrité physique ou celle d’autrui a pu être menacée.
- La réaction du sujet à l’événement s’est traduite par une peur intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur.
Symptômes
Symptômes dissociatifs (déni ou prise de distance par rapport au traumatisme)
Reviviscences (sous formes d’images, pensées, mots,…)
Evitements des stimuli associés au trauma
Présence d’agitations neurovégétatives (troubles du sommeil, colère, nervosité, anxiété)
Détresse importante
Durée de plus d’un mois – Stress post-traumatique
Durée de plus de trois mois – Stress post-traumatique chronique
Au final, il est important de se rendre compte que toutes les blessures ne sont pas visibles. L’état de stress aigu ou l’état de stress post-traumatique peuvent être considérés comme de véritables plaies psychiques. Ces pathologies peuvent toucher les victimes d’accidents, d’agressions,… mais également des sauveteurs qui peuvent être violemment mis face à l’horreur de certaines situations d’intervention…
Ces états nécessitent une prise en charge psychologique : un accompagnement à chaud (débriefing de crises) et/ou un suivi psychothérapeutique
Stress aigu et intervention de crise
Il s’agit de dédramatiser les symptômes vécus. Cette intervention permet aux victimes d’expliquer les évènements vécus et les émotions ressenties. Il est donc important de laisser les personnes s’exprimer.
Caractéristiques de l’intervention
- Investiguer les effets différentiels d’un type d’événement en lien avec un autre.
- Examiner l’interprétation (rétrospective) de l’événement et de ses réactions.
- Identifier les aspects émotionnels associés au trauma (anxiété et peur / honte, culpabilité, colère…).
- Encourager la victime à parler de l’événement traumatique plutôt que de la forcer à le faire.
- Etre empathique face à ce qu’elle a vécu.
- Démontrer à la victime que vous comprenez ses craintes et que vous ne la jugez pas.
- Eviter le style interrogatoire : poser des questions ouvertes.
- Prévoir un temps d’entrevue suffisamment long pour permettre à la victime d’exprimer son vécu émotionnel.
Au final cette méthode va permettre aux témoins et victimes de faire sortir de manière cadrée les conséquences du trauma et ses éventuelles difficultés depuis l’accident, l’agression, l’attaque. Durant cet entretien on va expliquer que les conséquences d’un traumatisme sont variables et dépendent de nombreux facteurs. On peut comparer le traumatisme et ses suites à une pierre lancée dans l’eau : les ondes produites au point d’impact sont violentes puis progressivement elles s’atténuent pour finalement disparaître. Il est important que le patient comprenne qu’il réagit de manière normale et adaptée dans des circonstances exceptionnelles.
Deux émotions principales sont généralement exprimées :
La colère : contre l’agresseur, contre eux-mêmes et leur réaction inappropriée. Ils en veulent, également, aux pouvoirs publiques, l’entreprise qui ne les a pas suffisamment mis à l’abri et protégés.
La culpabilité :« j’aurais dû… pourquoi n’ai-je pas… », jonche leur quotidien telle une litanie qui se répète inlassablement jour et nuit. Les trois symptômes dont témoignent le plus souvent les victimes après l’évènement sont : la reviviscence, l’hypervigilance et l’irritabilité. Il s’agit de trois symptômes d’adaptation, instinctifs et d’amplitude variable en fonction de nombreux facteurs.
Le thérapeute veillera à donner une brochure explicative avec des coordonnées, en précisant que si les symptômes persistent au-delà de trois semaines, il est important de nous recontacter. Ce dépliant s’adresse également à l’entourage afin qu’il puisse mieux comprendre les attitudes et les comportements exceptionnels de la victime : colère, agitation, isolement, perte de plaisir,…Il est important de rappeler la variabilité interindividuelle tant au niveau de l’amplitude que de la quantité.
Les facteurs qui peuvent aggraver la réaction post-traumatique
Les facteurs pré traumatiques
- Facteurs de stress (rupture amoureuse ou licenciement)
- Symptômes dépressifs, anxieux ou dépendances
- Traumatismes antérieurs
- Attribution interne négative des évènements : « ce qui arrive est de ma faute »
- Les traits de personnalité : TSPT plus sévère chez les personnes rigides, à la vision dichotomique (bon/mauvais), à tendance narcissique.
- Le sexe et l’âge
Les facteurs déclencheurs
- Les caractéristiques de l’évènement : la violence, le caractère intrusif ou déshumanisant
- Les émotions ressenties : plus la victime a ressenti de la peur, de l’horreur ou de l’impuissance plus le stress post-traumatique sera sévère.
- Les réactions dissociatives : plus le sujet met de la distance émotionnelle par rapport aux évènements, plus grande est la gravité des symptômes (Bernat & All, 1998 ; Marshall et Orklando 2003)
- Les ressemblances entre des caractéristiques de l’évènement traumatique et certains aspects de la vie actuelle
Les facteurs de maintien
- Le soutien de l’entourage : il diminue si l’entourage apporte un soutien émotionnel (écoute et compréhension) et technique (conseil, argent, services). Par contre il peut augmenter si les proches montrent trop d’incompréhension ou blâme la personne.
- Importance du soutien au travail : la reconnaissance du traumatisme par le milieu du travail est primordiale : la hiérarchie et les collègues doivent comprendre que l’arrêt momentané n’est pas un manque de volonté mais le résultat d’une réelle détresse.
- La façon dont la société juge le traumatisme : les préjugés au sein de la société, par exemple pour le viol, peuvent engendrer dans le chef du traumatisé la honte ou la culpabilité qui surajoutent et intensifient le stress.
- Les poursuites légales et criminelles sont souvent des épreuves longues, répétitives et douloureuses pour les victimes.
- Les séquelles physiques surtout lorsqu’elles sont visibles ramènent constamment à la conscience l’évènement traumatique.
- Il peut exister un impact notable sur les relations professionnelles et personnelles pouvant mener au divorce ou au licenciement. En effet l’irritabilité est parfois difficile à vivre au quotidien et peut user une relation. De plus, cette nervosité et le manque de concentration qui en découlent peuvent déboucher sur des erreurs, des oublis et provoquer une rupture de confiance chez l’employeur.
- Les personnes dures envers elles-mêmes, faisant preuve de schème comportemental rigide : cela va maintenir leur détresse car ils ressentent une impression insupportable d’impuissance prolongée malgré les efforts consentis.
Pistes pour le psy-pratricien
Il s’agit ici de pistes et de propositions et non d’imposition de la bonne marche à suivre qui est du ressort individuel.
Adopter une attitude très empathique et supportante : les victimes ont subi une profonde trahison de la nature humaine. Elles ont fait face à de la négation et du mépris face à ce qu’elles sont et leurs besoins essentiels.
Adopter une attitude de non jugement : tout un chacun porte un jugement sur une victime de traumatisme. Janoff et Bullman (1992) ont expliqué cet état de fait par notre volonté de garder intacte nos croyances en un monde juste et bienveillant. Il est, dès lors important d’être conscient de cette tendance en tant que thérapeute.
Soyez actif : définir un plan thérapeutique avant l’entrevue, faire émerger les attentes et ensemble orienter les échanges afin de parvenir aux objectifs fixés.
Adopter une attitude détendue lors de la description de l’évènement traumatique. Il est préférable que le psychothérapeute soit capable d’entendre et d’accueillir ces dires même si les faits relatés sont atroces.
Mettez en évidence les ressources de la victime. Nommez et mettez en exergue la bravoure, l’opiniâtreté, la motivation,… plongé dans des craintes qui le submerge, on peut lui transmettre que le vrai courage est de faire face à ses peurs, être terrifié mais faire quand même ce qu’on s’est fixé. En effet, le véritable courage est de douter, craindre, appréhender et agir néanmoins.
Etre vigilant et nommer les comportements d’évitement dans les processus thérapeutiques. Ces propensions font partie intégrante du stress post-traumatique et ce autant dans la vie quotidienne que dans les séances (oubli, excuses, retards,…)
Redonner un certain contrôle à la victime. Le traumatisme était teinté d’impuissance. Il faut, donc, éclairer la victime, expliquer le processus sous-jacent tout en respectant par ajustement le rythme du patient.
Evaluer la sécurité objective de vos patients. La victime doit être placée dans une situation sécuritaire pour débuter le suivi.
Démontrer la confiance envers la thérapie. Le psychologue, tel un funambule doit pouvoir présenter les symptômes comme temporaires et témoigner de sa confiance dans le processus thérapeutique pour soulager la souffrance, tout en ne créant de faux espoirs.
En tant que professionnel, on doit être capable de démontrer son expertise face au Stress post-traumatique.
Le rôle des symptômes dans le stress post-traumatique.
Le symptôme de détresse ou anxiété peuvent s’expliquer par la métaphore suivante : lorsqu’un enfant est mordu par un chien, il risque par la suite d’être très nerveux lorsqu’il sera en présence d’un animal de la même race que son agresseur ou même un chien qui ressemble. Ceci pourrait expliquer la crainte des éléments associés au trauma et la généralisation de sa peur.
Les reviviscences sont considérées dans le modèle d’Horowitz comme des réactivations à la conscience d’informations traumatiques qui n’ont pas été digérées. Les images tentent d’être intégrées par l’organisme et reviendront jusqu’à l’intégration complète.
Les symptômes d’évitement : comme les réminiscences entraînent de la détresse, la victime va avoir tendance à les mettre de côté. Les personnes vont éviter d’être confrontées aux imagos angoissants, aux pensées anxieuses et vont esquiver les occasions qui les amèneraient dans les endroits qui leur rappellent l’évènement. C’est un mécanisme de protection poussé à l’extrême qui a souvent été utile et fonctionnel : il nous a permis, par exemple, de ne plus mettre la main sur le four après s’être brûlé une première fois. Ce mécanisme sain et efficace l’est moins dans cette situation car il entretient le maintien des symptômes.
Les symptômes de détachement, de déni ou de dissociation constituent des stratégies extrêmes pour se protéger d’images trop horribles : on peut les considérer comme des breakers (= les disjoncteurs) utilisés par les victimes pour juguler le flux informationnel et éviter la charge émotive.
Les symptômes d’hyperactivité neurovégétative. C’est comme si la victime restait dans un état d’alerte permanente, toujours sur ses gardes, en hypervigilance. Par ce fait, on peut constater une baisse de la concentration car se concentrer nécessite de faire abstraction de ce qui nous entoure, or pour le moment les patients n’ont pas assez confiance dans le monde environnant pour faire cela. C’est comme lorsque les soldats plongés dans les combats sont obligés de traquer en permanence le moindre bruit, la moindre odeur afin d’assurer leur survie. Les victimes en état de stress sont dans un contexte commun de vie quotidienne en mode combat de manière presque continuelle, il suffit de très peu d’éléments pour éveiller l’état d’alerte. Une réaction adaptée qui nous prépare à une agression future peut devenir problématique lorsqu’elle se maintient dans le temps et ne comporte plus de porte de sortie.
Technique de prise en charge
EMDR – Thérapie comportementale et cognitive centrée sur le trauma – L’EFT – La psychothérapie basée sur l’acceptation et l’engagement ACT – les IRS (antidépresseurs) – les thérapies narratives – l’hypnose Ericksonienne. Il est à noter que ces interventions ne sont pas les seules existantes mais constituent un panel choisi.