La dépression, le mal de vivre, serait d’après la plupart des diagnostics l’affection du siècle. La rançon d’une époque obsédée par la performance, l’argent, la quête éperdue d’un bonheur.
Quelques précisions tout d’abord sur la dépression.
Par dépression, on désigne un ensemble de symptômes qui déterminent une humeur triste et abattue un manque d’intérêt, une inhibition motrice et psychique accompagnée de troubles somatiques. Les personnes, atteintes de dépression clinique, montrent, en général, des altérations physiques et psychiques.
-Insomnie et ou hypersomnie, augmentation ou diminution de l’appétit, du poids, diminution de la libido. Changement également dans la vitalité : lassitude, fatigue, manque de vigueur.
-Sensation corporelle : douleur et malaise, céphalées, sentiments d’oppression.
-Symptômes végétatifs : troubles gastro-intestinaux, cardio-vasculaires, vertiges…..
Tous ces symptômes ne sont pas présents dans leur totalité chez chaque patient. Au moment d’établir un diagnostic, il faut utiliser un critère éminemment clinique.
Avoir une connaissance de la psychopathologie, faire l’anamnèse et l’observation du patient avec différenciation des aspects objectifs et subjectifs de la symptomatologie.
Evaluer l’intensité des symptômes (léger, modérée, grave, psychotiques, troubles bipolaires…)
La durée de la traumatologie, les aspects quantitatifs et qualitatifs de la tristesse ; la présence ou non de symptômes, somatiques.
Une dépression majeure doit être prise très aux sérieux, une prise en charge par un psychiatre est nécessaire ainsi qu’un suivi en psychothérapie.
Il est à préciser cependant qu’il y a différents degrés de gravité dans la dépression, ce qui nous emmène à nous interroger sur le mal de vivre.
MAL de VIVRE
Certaines personnes confondent souvent dépression et malheur. On entend dire
« je me sens déprimé (e) » alors que la personne veut souvent seulement exprimer « je ne me sens pas heureux (e) ».
Aussi longtemps que l’on n’a pas vraiment connu la dépression, on ne peut se rendre compte de l’énorme différence qui existe entre le fait d’être dépressif, et celui d’être malheureux. Lorsque nous sommes malheureux, malgré l’importance d’une tragédie qui nous est arrivée, nous sommes encore en contact avec la réalité. Mais quand il y a dépression, le sujet se sent comme exclu du reste du monde, étouffé par quelque chose de dense, être pris dans un piège ou enfermé dans un sombre tunnel, il, elle, ne s’intéresse à rien, ni à personne, et il n’y a plus aucune espérance .
Ce mal être serait-il récent ? Traverse t-il l’histoire de l’humanité ? Sous l’Antiquité, on le nomme « bile noire », « acédie » aux premiers temps du christianisme, « mélancolie » à la renaissance, « mal du siècle » chez les romantiques du 19ième siècle, »spleen » chez les poètes, « blues » chez les chanteurs noirs américains, « nausée » chez Sartre, et « dépression » de nos jours.
De fait on le met en relation avec un dysfonctionnement physiologique, une cause médicale.
Le mal de vivre peut être étudié à partir de quelques paramètres qui allient psychologie et biologie.
Le mal de vivre est souvent lié à une dévalorisation de l’image de soi.
Il se manifeste aussi par une absence d’énergie vitale, d’un sentiment de solitude alors que celui-ci est indépendant du fait d’être seul.
Le mal de vivre atteint les gens malheureux mais aussi les gens heureux, ou ceux”qui ont tout pour être heureux”…
Le mal de vivre est en quelque sorte un succédané de la civilisation du bonheur.
Des statistiques ont montré que dans les périodes de guerre, on se suicide nettement moins.
En définitive ce qui semble déterminant au niveau du mal de vivre c’est l’absence de sens, le sentiment de l’absurde.
Dans notre société d’excellence, il se trouve aussi qu’il faut “être bien, en forme”, on masque son mal être, on fait du sport à outrance, les salles de remise en forme explosent, mais il arrive un moment ou les gens n’en peuvent plus de montrer ce qu’ils ne sont pas.
Les valeurs actuelles de notre société sont davantage tournées vers un idéal du moi ce qui entraîne un écart entre ce que l’on pense être et ce qu’on devrait être dans l’idéal. Comment exister entre ces deux extrêmes ?
Incompréhension face à la mort qui adviendra, la vie n’a plus de sens.
Sur le plan biologique des études montrent qu’il peut y avoir une déficience dans la production de la sérotonine et la noradrénaline, les antidépresseurs stimulent leur production.
Il y a aussi l’hypothèse d’une prédisposition génétique à la dépression.
Sur le plan sémantique que veut dire « vivre », c’est, être en vie, exister.
Restent 2 mots « de » et « mal », pourquoi n’utilisons pas plutôt l’expression « mal à vivre » c’est peu employé et pourtant cela est plus explicite.
Le mal « de » vivre à une tout autre signification, il s’agit plutôt du mal en soi plutôt que des difficultés qui peuvent référer à la vie elle-même.
Le terme « mal » renvoie à la douleur, au malheur, que ce soit physique ou moral.
Sur le plan psychologique, un mal-être peut provenir de l’enfance, surtout quand il y a eu maltraitance (abus sexuels, coups…) mais à ces maltraitances connues vérifiées et actives se rajoutent celles par « défaut », par omission, par abstention, par manque d’attention, de respect, bref absence d’amour, amour indispensable pour que l’enfant se construise comme sujet.
Mal de vivre omniprésent qui incite le sujet à croire bien souvent ou à dire « n’être pas » ou « naître pas” .
Nous rentrons ici dans une dimension métaphysique, quelque chose qui à avoir avec la mort.
Le « mal de vivre » a une résonance existentielle, un peu comme si le sujet sentait une illégitimité de son être en tant que vivant.
Il est à noter que dans la tradition monastique chrétienne il y a, non pas, sept « péchés capitaux » , mais huit, le mal de vivre en était un ,car c’était une révolte contre la beauté du monde, contre la création.
Un des problème actuel n’est-il pas justement la perte du sens de la beauté de la vie. ?
La vie est à défendre et l’on ne peut la défendre que si l’on a conscience de sa beauté que ce soit sur la plan humain, mais aussi au niveau de la nature.
Mais la vies s’est transformée aujourd’hui en terrain de lutte idéologique. Il n’en a pas toujours été ainsi.
La vie, c’est d’abord une réalité concrète, qui existe. Les personnes, autour de nous, existent. Nous sommes en relation avec elles. Elles représentent dans le monde une richesse objective. La vie exige au départ une attitude fondamentale d’accueil et d’amour. La vie humaine n’est jamais neutre. Quand on perd de vue le caractère de bonté immédiate de ce qui existe, et qui vit sous nos yeux, la beauté des personnes qui nous entourent et auxquelles nous sommes liés par des liens d’amour et de solidarité, alors on fait de la vie le lieu d’une lutte idéologique.
Mais comment perd-on ce regard ?
En grande partie par une banalisation de la vie humaine. Aujourd’hui, dans un monde où la science nous permet presque de commander un enfant à la carte, la vie devient parfois pour certain un objet de consommation.
Elle perd son caractère spécifique et on finit par l’assimiler à toute autre manifestation de vie, de quelque être vivant que ce soit. On ne voit plus que derrière chaque visage humain, derrière chaque personne, il y a une singularité, une richesse unique.
Mais si une vie humaine est une richesse, n’est-on pas conduit à se demander quelle est l’origine de cette richesse qui nous précède. Nous abordons là un aspect complémentaire et plus personnel à chacun, y a-t-il un créateur, un « Etre Sur Essentiel » (Dieu) à l’origine de tout.
Pour un croyant quelque soit sa confession, la question ne se pose même pas, le rapport entre une vie humaine et l’auteur de la vie humaine existe bien.
Quelles sont les raisons qui ont conduit à l’altération ou la perte de ce sens.
Il y a parfois des raisons liées à la gravité de choix moraux personnels qui, en blessant ce qu’il y a de plus profond dans la personne, obscurcissent le regard sur la vie et ne permettent plus d’en reconnaître le caractère précieux.
Il y a aussi, des raisons évidentes liées à la souffrance, à l’épreuve, à la maladie, à la disparition d’un être cher, ou à l’injustice subie , ou aux parcours de vie de l’enfance que j’évoquais précédemment.
La beauté de la vie devient alors opaque .
C’est là que celui ou celle qui à une source vitale intérieure bien ancré :
Résilience : La résilience caractérise le fait de surmonter les évènements difficiles de la vie, Boris Cyrulnik en parle comme étant « la capacité à réussir à vivre, à se développer positivement, en dépit du stress ou d’une adversité ayant une issue négative »
« Les vilains petits canards » Edition Odile Jacob 2001
adhère malgré tout à la beauté de la vie. Il est aussi assez rare qu’une personne n’ait jamais été confrontée à la beauté de la vie.Mais quand une personne éprouvée reçoit une aide, une attention aimante, elle va très naturellement cesser d’identifier sa vie à sa souffrance; car dans sa vie, il n’y aura plus simplement la souffrance, il y aura aussi l’acte d’écoute et de compréhension qu’elle aura reçu,en quelque sorte tout simplement un acte d’amour.
Il faut bien considérer que, dans le domaine de la vie, les questions ne se posent pas de façon abstraite, mais d’une façon concrète: toute personne se trouve impliquée dans des relations ou des situations où peut justement, s’exercer cette humanité compassionnelle pour le prochain.
On rejoint là, ce qui est au cœur de toute existence humaine, ces besoins fondamentaux très profondément inscrits dans le cœur de l’homme : parmi eux, au premier plan, le désir d’aimer et celui d’être aimé.
Il y a aussi d’autres désirs essentiels comme celui d’être utile. Toutefois, le désir d’être aimé semble le plus profondément enraciné. Il est tout aussi important de savoir recevoir . Celui-ci n’est pas seulement le mouvement unilatéral de quelqu’un qui donne et qui se donne. Il est aussi le mouvement de quelqu’un qui, en se donnant, est capable de recevoir un autre amour qui le précède parfois.
Dépression, mal de vivre, douleur de l’âme, ou spleen, quel que soit le vocabulaire utilisé, c’est un mal, certes contemporain, mais aussi universel et à plusieurs facettes.
Il y a des réponses, parfois médicales, psychologiques ou existentielles c’est à chacun qu’il appartient de chercher, de comprendre, et d’agir.
Riche palette de causes. Etre malheureux en effet n’est pas identique à une dépression. C’est lorqu’on est non diverti, que l’on se rend compte si ça va ou pas. Une des causes est reliée à l’alimentation et peut être aussi au plaisir…Le plaisir de la bouche avec toute ces préparations industrielles très succulentes ne semble pas faire le bonheur de la socité dite moderne. Si vous êtes intéressés par une vidéo concernant une relation entre mental et alimentation, il suffit d’aller sur le site indiqué.