DANTE

La Divine Comédie

L’Enfer-Le Purgatoire-Le Paradis

En l’an 1300, le premier jubilé de la Chrétienté se passe à Rome. Dante y participe comme le représentant officiel de la ville de Florence.

Pris dans la tourmente politique de l’époque il est condamné à mort par contumace passe une vingtaine d’année en exil et meurt à Ravenne en septembre 1321, il est enterré selon sa volonté dans l’église des Franciscains.

C’est pendant son exil qu’il compose La divine Comédie (publication de l’enfer en 1314 ; du purgatoire en 1315 ; du Paradis  de 1319 à 1320).

Dante avait 35 ans (le milieu du chemin de la vie selon les critères de l’époque) «Au milieu du chemin de notre vie… Je me retrouvai dans une forêt obscure…Car la voie droite était perdue».

C’est au printemps 1300 au moment de la semaine Sainte qu’il entreprend son voyage vers l’au-delà. Dante rejoint, dans cette œuvre poétique par l’intermédiaire de l’art, les grandes  Sommes doctrinales de saint augustin et de Saint Thomas .Ce poème décrit la descente aux enfers de Dante, puis le passage par le purgatoire, son accession au paradis pour terminer par son union à Dieu.

Cette œuvre dantesque est fait de 14233 vers répartis en tercets  regroupés en 100 chants répartis eux mêmes en trois parties: l’enfer, le purgatoire, le paradis.

Cette chronique devint aussitôt célèbre. Les gens du peuple, les artisans de Toscane apprenaient l’Enfer par cœur et plus tard durant son douloureux exil, les Princes éclairés appelaient Dante auprès d’eux pour l’entendre parler de ce qu’il nommait dans son Paradis, le poème sacré. La Florence de Laurent de Médicis au XV ième siècle vouait un vrai culte pour Dante. Léonard, Raphaël et Michel Ange le disaient leur maître et Botticelli s’est enfermé 10 ans pour illustrer chacun de ses 100 chants.

Le nom de Dante a été gravé bien après sa mort par Paul VI dans le baptistère de Florence où il avait été baptisé.

Ce voyage effectué par Dante représente l’itinéraire que l’homme doit parcourir afin d’échapper aux passions terriennes pour aboutir à l’illumination des libertés morales et de la foi, un chemin qui va de l’instinct et de l’ignorance vers la conscience de la vérité et du salut.

Après avoir assisté à diverses processions mystiques et à des métamorphoses fantasmagoriques, Dante voit apparaître Béatrice à son arrivée dans le Paradis, tandis que Virgile s’éclipse discrètement. C’est avec Béatrice qu’il poursuit son voyage par l’ascension au Paradis représenté selon les théories d’Aristote et de Ptolémée et arrivera à la vision ineffable de Dieu avec Saint Bernard qui le guidera alors.

Dante nous expose ainsi sa conception de l’au delà par le biais d’une pérégrination surnaturelle. Visions de type chamanique.

L’œuvre s’achève après l’intégration absolue du savoir philosophique dans la vérité de Dieu, l’élévation de l’amour au rang de principe de tout bien et de tout mal.

Récit du voyage en enfer

En  la nuit du Jeudi au Vendredi Saint de l’an 1300. Dante se retrouve seul, perdu dans « un lieu effroyable, sauvage et rude » Ainsi s’ouvre la Divine Comédie.

« Au milieu du chemin de notre vie

je me retrouvai par une forêt obscure

car la voie droite était perdue. »

Anti-chambre de l’enfer

“Bientôt se lèvera l’aube, Dante s’est égaré : trois fauves lui barrent la route, ce sont trois passions qui se déchaînent dans son cœur comme dans le monde politique des cités, trois fléaux  qui rendent l’homme étranger à sa nature initiale, trois passions  symbolisées par le lynx, le lion et la louve

“une louve qui paraissait dans sa maigreur

chargée de toutes les envies,

et qui fit vivre bien des gens dans la misère[…]

Elle a nature si mauvaise et si  perverse

que jamais son envie ne s‘apaise.

et quand elle est repue elle a plus faim qu’avant”

Pleurs et désolation. Alors Virgile à la fois « maître et auteur » . Celui-ci conseille et rassure : « il te convient d’aller par un autre chemin (…) si tu veux échapper à cet endroit sauvage » (Inf., I, 91 et 93). Le chemin vers la perfection passe par les souffrances de l’Enfer et la rédemption du Purgatoire : il faudra vaincre l’infâme vallée et escalader la montagne escarpée avant d’avoir accès au Paradis. Dante accepte, pourvu que le poète lui serve de guide.

L’Enfer se présente comme un gigantesque entonnoir dirigé vers le centre de la terre. Il est formé de neuf cercles concentriques, divisés en deux parties : Le haut Enfer (cercles I à V) et la cité de Ditè [bas Enfer] (cercles VI à IX). Dans ces cercles sont logés, par ordre de vice les occupants de l’enfer, qui reçoivent une peine proportionnelle à leurs fautes. Chaque cercle est gardé par un démon et accueille une catégorie spécifique de damnés.

Au vestibule de l’Enfer loge la lâcheté. (Chant III )

C’est là que réside la grande foule de ceux qui vécurent mollement trop attachés à leur petit confort pour oser de grandes choses ni dans le Bien ni dans le Mal.

…”Cet état misérable est celui des méchantes âmes des humains

et qui ne furent que pour eux-mêmes…

et vécurent sans infamie et sans louange; ils sont mêlés au mauvais cœur des anges qui ne furent ni rebelles à Dieu ni fidèles, et qui ne furent que pour eux mêmes. Les cieux  les chassent, pour n’être pas moins beaux

et le profond enfer ne veut pas d’eux,

car les damnés en auraient plus de gloire “…

…“Ces esprits neutres et lâches sont sans cesse harcelés par les insectes qui les aiguillonnent vainement. De leur vivant, ils n’avaient su ni trancher ni vouloir. Ces malheureux, qui n’ont jamais été vivants étaient nus et harcelés sans cesse par des mouches et des guêpes qui étaient près d’eux. Elles leur rayaient le visage de sang, qui, mêlé de pleurs, tombait à leur pieds, ou le recueillaient des vers immondes”…

Enfer III, v 34-42 ;64-69

Premier cercle. Les Limbes (chant IV)

Celles-ci regroupent les justes qui ne sont pas baptisés et qui vivent dans le désir éternellement insatisfait de voir  Dieu.

…«Ils furent sans péché; et s’ils ont des mérites; Ce n’est pas assez car  sans le baptême qui est le seuil de la foi que tu as; et s’ils vécurent avant la loi chrétienne, ils n’adorèrent pas Dieu comme il convient… Pour un tel manque et non pour d’autres crimes, nous sommes perdus et notre unique peine est que sans espoir nous vivons en désirs»….

Le cercle des Enfers :  les Luxurieux (Chant V)

Minos distribue à chacun le sort qui lui revient en fonction de ses dispositions intérieures (tendances vitales) et  de son opiniâtreté dans le mal.

Là, pris dans la tempête infernale de leurs sentiments et regrets, se lamentent tous ceux qui ont abandonné leur raison aux tourments de leurs appétits charnels

Suit une succession de portraits : Sémiramis, reine mythique des royaumes orientaux (Chaldée Assyrie) :

«au vice de luxure elle fut si rouée

qu’elle fit dans sa loi la licence licite,

afin d’ôter le blâme où elle était conduite. » V, v; 53-57

Elle passe en effet pour avoir autoriser l’inceste en son royaume.

Didon, reine de Carthage, « qui se tua par amour » lorsqu’elle fut abandonnée d’Enée après avoir elle-même trahi la promesse de fidélité qu’elle avait faite à son époux défunt Sichée ;

Cléopâtre, reine d’Egypte, maîtresse de César puis d’Antoine ;Hélène, responsable de la guerre de Troie ;Achille, piégé par son amour pour Polyxène ;Francesca da Rimini tuée par son Mari dans les bras de son amant, frère de celui-ci.Et Lancelot le preux chevalier éperdu d’amour pour l’épouse de son Roi.

Le troisième cercle: Les Gourmands chant VI

Les trois gueules de Cerbère aboient dans une pluie noire et glaciale qui répand partout sa boue.

Virgile trompe la furie de la bête en lui lançant à pleines mains des poignées de terre « Tel un chien aboyant se calme quand il a sa pâtée sous la dent, car il s’acharne et s’évertue à la dévorer » Chant VI, v;28-30 de même, Cerbère se tait et laisse Dante interroger Ciacco, un de ses concitoyens, sur les désordres que l’appétit provoque dans Florence.«  Ta ville est pleine d’envie au point que le sac en déborde » v;49-50

Quatrième cercle : Avares et Prodigues (chant VII)

Enfermés chacun dans leurs excès  avares et prodigues se cognent et s’essoufflent. Leur démesure les condamne à ne pouvoir avancer ; l’énergie de leur trépidation ne produit rien ; leur attitude est vaine.

“Là je vis des gens, plus nombreux qu’ailleurs,

de ça, de la, avec des hurlements,

pousser des fardeaux à coups de poitrine.”

“Pourquoi tiens-tu ? »«  Pourquoi lâches-tu ?» Dans le même chant, Dante décline une conception providentielle de la fortune :  ses revers sont des chances puisqu’ils nous apprennent davantage la mesure “v; 60

“ Ainsi voit-on souvent les hommes changer d’état …v; 90

« Ainsi un peuple règne et un autre languit

Suivant la décision de cette intelligence

qui reste cachée comme serpent dans l’herbe”

Cinquième cercle : les coléreux (chant VIII)

Leur sort est de croupir immergés dans les eaux boueuses du Styx .

“ Combien se prennent là haut pour de grands rois

qui seront ici comme porcs dans l’ordure,

laissant de soi un horrible mépris. » v;49-51

Après les mille démons .Au sommet de la tour enflammée  apparaissent les trois furies aux formes et gestes lascifs. Elles arborent pour cheveux des serpents. Ce sont les Erinnyes : la première Mégère, la seconde, Alecto, la troisième Tisiphon, elles appellent Méduse la plus jeune des filles de Gorgone pour mieux s’opposer à la présence de Virgile. Elles gardent les remparts de Dité derrière lesquels percent les trois derniers cercles de L’Enfer (Chant IX)

“Déjà venait par les terribles eaux

le fracas de son plein d’épouvante”….

…“ ou en un point tout à coup se dressèrent, trois furies infernales, couleur de sang,; elles avaient forme et gestes féminins, hydres très vertes pour ceintures; pour cheveux des serpents et des guivres…Chacune se fendait la poitrine avec les ongles; elles se battaient à coup de paume, criant si fort, que de frayeur je me serrai contre mon guide”…

Un messager du ciel qui traversait le Styx à pied sec fait fuir les furies. Virgile et Dante pénètrent alors dans la citadelle désolée. Partout se chevauchent des tombeaux aux couvercles défaits d’où s’élèvent les plaintes des hérétiques.

…“ des que j’y fus je regardai tout alentour: et je vois partout une vaste campagne pleine de pleurs et de tourments cruels”…

…des feux épars couraient entre les tombes qui les embrasaient si fortement, qu’aucun art ne requiert un fer plus brûlant. Tous les couvercles étaient levés; des plaintes si violentes en sortaient…

“ ce sont les hérésiarques avec leurs disciples de toutes sectes, et leur tombeaux sont plus remplis que tu ne crois. Ici git le semblable avec le semblable, et les sépulcres sont plus ou moins brûlants”…

Virgile et Dante poursuivent leur chemin entre les supplices et les hauts remparts

Sixième cercle de l’Enfer : Les Hérétiques couchés dans des tombes brûlantes (Chant X et XI)

Dante condamne comme hérétiques tous les hommes assez présomptueux pour faire de leur pensée et de leur volonté propres la mesure de toute chose.L’esprit de parti est dénoncé dans le personnage de Farinata degli Uberti qui aima passionnément sa patrie mais ne laissa dans son sillage que haine et esprit de vengeance. Sans la Grâce divine, sans la charité, la volonté verse dans des excès tyranniques.

A la fin du chant XI Virgile, explique à Dante l’ordonnance de l’enfer selon l’échelle des maux, pensée par Aristote. v; 30-66

On peut être injuste Par fraude Envers celui qui a accordé sa confiance Traître
Envers celui qui n’a pas accordé sa confiance HypocriteFaussaireTricheur
Par force Envers autrui et ses biens AssassinVoleur
Envers soi-même SuicideMélancolie
Envers Dieu BlasphèmeSodomie

Le mal est dans l’injustice mais on peut être injuste par l’usage de la force ou par l’usage de la fraude. La fraude étant le mal propre à l’homme , les fraudeurs sont plus profondément ancrés dans le mal que les simples violents surtout quand les fraudeurs rompent les liens de la confiance et trompent non un simple étranger mais un proche, un ami.” qui a trahi meurt éternellement”

Quant aux violents, il convient de les répartir en trois espèces puisque l’on peut faire violence à son prochain, à soi-même, à Dieu.

Le septième cercle : Les Violents. Chant XII

Dans le premier giron tous ceux qui violentèrent leur prochain, (chant XII).

Cette région de l’enfer est placée sous l’enseigne du Minotaure qui symbolise, avec les centaures, le triomphe de la bestialité sur la nature raisonnable de l’homme.

Une rivière de sang bouillant dévore ceux qui ont nui aux autres par violence : les sanguinaires paient leur crime en étant eux-mêmes noyés par ce bain de sang en ébullition. Des centaures armés d’arcs veillent au supplice et décochent leurs flèches contre ceux qui veulent fuir la sentence.

Dans cet enfer les violents tourmentent les violents. Dante y croise des empereurs défunts : Alexandre ; Denys, tyran de Sicile ; Attila ; Pyrrhus et Sextus mais aussi des tyrans contemporains comme Azzolino III, tyran des Marches, gibelin qui massacra un grand nombre de Padouans.

Deuxième giron : les violents contre eux-mêmes (chant XIII)

« Il n’est pas juste d’avoir ce qu’on jette » v105. Les suicidés s’étant volontairement arrachés à leur corps, leur âme est condamnée à germer comme une plante au hasard des vents, exposée sans défense aux becs des Harpies qui se repaissent de leurs feuilles. Pour Dante, aucune disgrâce ne peut justifier qu’une créature renonce à la vie, don du Créateur.

Dans la forêt des suicidés, Dante et Virgile croisent deux formes humaines qui fuient devant eux, arrachant tout sur leur passage et brutalisant ainsi elles-mêmes leur chair jusqu’à ce que des chiennes faméliques les rejoignent et les dévorent. Tel est le châtiment de ceux qui ont péché contre eux même. Dante ne reconnaît aucune légitimité au suicide.

 

 

Troisième giron : les violents contre Dieu et contre la nature Sodomie et Tabou (Chant XV)

Les chants XV et XVI sont plus équivoques : en apparence, ils transcrivent des conversations courtoises  avec des formes humaines qui, avant de porter les stigmates de leur condamnation divine (corps atrocement brûlés), étaient de grands noms de la diplomatie florentine. La morale de ces deux chants apparaît peut-être dans les derniers  “ En face du vrai qui a visage de mensonge l’homme doit fermer la bouche autant qu’il peut car sans avoir de faute il peut se faire honte “ v;124-126

Est-ce à dire que dans l’esprit de Dante, ceux qu’il appelle les «  sodomites » sont d’autant plus dangereux et mauvais qu’ils sont plus affables et présentent meilleure figure ?  Faut-il frapper les homosexuels d’ostracisme pour s’épargner « la honte » qu’il y aurait à les côtoyer ?

Les violents contre l’art : les usuriers (chant XVII)

Dante descend seul dans la fausse des usuriers : chacun porte piteusement à son cou les armoiries de son clan.Puis sur le dos du monstre Géryon, Dante et Vigile s’enfoncent vers d’autres noirceurs. Géryon est un monstre composite : « sa face est celle d’un homme juste tant elle avait l’apparence bénigne » mais tout le corps est un assemblage de bestialités diverses: deux pattes velues de félin, un corps souple et retors de serpent, une queue venimeuse de scorpion. Cet être mixte sait composer toutes les natures et tous les visages pour mieux tromper.

Le Huitième cercle (à partir du Chant  (XVIII)

Il est formé de dix bolges (bolge: chacune des fosses circulaires et concentriques constituant le huitième cercle de l’enfer de Dante).

Tournant à gauche, Virgile et Dante longent quelque temps le premier bolge. trouvent une série de ponts qui permettent de traverser les fossés : ils empruntent les trois premiers ponts, en s’arrêtant chaque fois au sommet de l’arche pour contempler le fossé qu’ils surplombent. Après le troisième pont, il font un crochet sur la gauche pour interroger le pape Nicolas III ; ils s’en retournent ensuite et franchissent le quatrième et le cinquième pont. Le sixième pont fut brisé lors du tremblement de terre qui suivit la mort du Christ : Virgile et Dante doivent donc tourner à gauche et longer le sixième bolge jusqu’à ce qu’ils trouvent un éboulis permettant de traverser le fossé ; après quoi, ils tournent encore à gauche et longent le septième bolge jusqu’au pont que leur a indiqué une âme bien intentionnée. Ils franchissent alors les septième, huitième, neuvième et dixième bolges et parviennent à un puit entouré de géants. Ils le longent sur la gauche et descendent, avec l’aide d’Antée, dans le neuvième et dernier cercle de l’Enfer, celui des traîtres, qui est divisé en quatre zones concentriques : la Caïna, l’Antenora, la Tolemea et la Giudecca. Les poètes traversent ce cercle et parviennent jusqu’à Lucifer, qui occupe à la fois le centre de l’Enfer et celui de la Terre. Virgile prend Dante sur son dos, agrippe les poils du monstre et entame la descente. Lorsqu’ils parviennent aux hanches du monstre, Virgile se retourne et se met à monter : ils ont dépassé le centre de la terre et se trouvent dans l’hémisphère austral.

Celui des fraudeurs est formé d’un puits profond divisé en dix bolges au dessus d’eux, chacun des ponts convergent vers le puits central.

Premier bolge, les séducteurs et ruffians,

Les fraudeurs et trompeurs en tout genre sont gardés dans des trous ou des puits par les Malebolges (encore des démons).

Dans ce bolge Les ruffians et séducteurs sont fouettés. On y trouve Jason qui déroba la toison d’or en séduisant Médée pour la délaisser ensuite.

Deuxième bolge

Les adulateurs les flatteurs plongés dans le fleuve de merde.

“ Les rives étaient encroûtées de moisi

car les relents d’en bas s’y s’empâtent

offensant à la fois les yeux et l’odorat.

Le fond est si obscur qu’on ne peut y voir

de nulle part sans monter sur la cime

de l’arc, là ou la roche est en surplomb.

Nous vînmes là;  et de là dans la fosse

je vis des gens plongés dans une fiente

qui semblait tiré des latrines humaines.

Et comme des yeux je scrutais le fond,

j’en vis un à la tête si souillée de merde

qu’on ne savait s’il était laïc ou bien clerc. v;106-116

Troisième bolge : Dénonciation virulente de la corruption vénale de la papauté.

Il s’agit de la fosse aux simoniaques, hautes autorités ecclésiastiques qui ont trafiqué des choses saintes en détournant à leur profit les biens de l’église. Ils sont plongés la tête en bas dans des trous, des flammes leur brûlent la plante des pieds et seront enfoncés complètement par le suivant. Ainsi le pape Boniface VIII qui a réclamé pour l’église l’exemption fiscale et la suzeraineté temporelle. L’empereur Constantin en dotant l’église de richesses matérielles y sera précipité à cause de sa cupidité.

La descente aux enfers est l’occasion de règlements de comptes politiques, Dante ayant subi de plein fouet les intrigues de Boniface VIII.

Quatrième bolge : ceux qui ont trompé par de fausses divinations

Ils sont condamnés à marcher la tête tournée vers l’arrière ; ceux qui prétendaient connaître le futur par la magie marchent à l’aveugle

(Chant XX v;10-18).

Cinquième bolge : réservé à tous ceux qui utilisent les fonds publics à leur profit  (Chant XXI et XXII)

Ceux qui se sont livrés à des trafics véreux sont jetés dans la poix bouillante et se font harponner par les Malebolges (démons).

Sixième bolge : les hypocrites (Chant XXIII)

Vêtus de capes dorées et doublées de plomb, ils portent ce manteau écrasant pour l’éternité. En présentant les hypocrites sous les apparences de moines en procession, Dante fait allusion aux religieux placés à la tête de Florence en 1266 par les Gibelins pour apaiser le peuple, mais qui furent tout aussi corruptibles que les laïcs. Caïphe et les membres du Sanhédrin qui condamnèrent Jésus ont une peine particulière, ils sont crucifiés par trois pieux sur la terre.

Septième bolge : les voleurs des choses de Dieu

Ils sont mordus par des serpents puis métamorphosés en serpents avant d’être réduits en cendre et finalement ramenés à la vie pour être éternellement tourmentés. Dante croise Vanni Fucci qui pilla une sacristie à Pistoia et laissa accuser un innocent.

Huitième bolge : celle des conseillers perfides enveloppés de flammes. Dante et Virgile rencontrent Ulysse qui paie ici aussi bien la fraude du cheval de Troie que le goût de l’aventure qui le fit conseiller à ses hommes de pousser toujours plus avant l’exploration du monde alors que les devoirs familiaux leur commandaient de retrouver leur foyer. (Chant XXVI)

Neuvième bolge : fauteurs de Schismes et de Discordes. Ils reçoivent le châtiment qui leur convient en étant eux-mêmes physiquement déchirés. Dépecés par l’épée du diable. Mahomet est éventré et son disciple Ali voit « son visage fendu du menton à la houppe » jusqu’à ce que les plaies se referment ; alors revient l’ange qui les déchire à nouveau. Dante croise aussi Mosca Lambertini qui attisa les discordes entre Guelfes et Gibelins. Et Bertrand de Born qui sema la discorde entre Henri II et son fils.

Dixième bolge : les faussaires, simulateurs, bonimenteurs, faux monnayeurs, falsificateurs de métaux, alchimistes.

Ils sont couverts de gale et de lèpre. Les falsificateurs de personnes sont des fous furieux qui se déchirent entre eux. Ils mordent et déchirent leur compagnon de peine. Les falsificateurs de monnaies deviennent des hydropiques dévorés par la soif. Les falsificateurs de paroles sont en proie à une fièvre aiguë.

Le puit des Géants (Chant XXXI )

Dante et Virgile découvrent le puit des géants : Nemrod qui fut à l’origine du projet de Babel v; 76-81, y paie son excès : étant lui-même transformé en tour et réduit à n’articuler qu’un galimatias incompréhensible. Un autre géant, plus sauvage et plus grand : Ephialte, est enchaîné pour s’être enhardit contre Jupiter. “son bras gauche était serré devant, et l’autre derrière, par une chaîne qui le garrottait du coup au pied …jamais plus il ne meut le bras qu’il a brandi” v;85-96

Neuvième cercle regroupe tous les types de traîtrise (chant XXXII, XXXIII XXXIV)

Tous les traîtres sont pris dans la glace

Première subdivision Caïn: La Caina. On trouve les traîtres envers leurs parents qui grelottent tête baissée dans la glace éternelle.

Deuxième subdivision d’Anténor : L’Antenora. On trouve les traîtres envers leur patrie qui grelottent tête baissée dans la glace éternelle comme dans la Caina. L’archevêque Ruggieri a un sort particulier. Il se fait dévorer le cerveau par Ugolin qui se venge ainsi parce qu’il a peut être dû manger les cadavres de ses enfants dans la vie réelle à cause de l’archevêque.

Troisième subdivision de Tolémée : La Tolomea. On trouve les traîtres envers leurs hôtes ou leur parti qui grelottent tête renversée en arrière et que le gel empêche de pleurer, leurs pieds gèlent aussi. Ils ont le privilège particulièrement terrible de descendre en enfer avant leur mort. Leur corps reste sur terre habité par un démon, ce qui est inquiétant pour les vivants.

Quatrième subdivision de Judas : La Guidecca. On trouve les traîtres envers leurs bienfaiteurs. envers l’autorité humaine et Divine. Ils sont entièrement recouverts de glace. Cette région est une calotte sphérique au milieu de laquelle est planté le colossal Lucifer dont le nombril est au centre de la terre. Lucifer est entrain de broyer avec ces trois bouches les trois plus grand traîtres de l’histoire selon Dante: Judas Iscariote traître envers Jésus, Brutus et Cassius, traîtres envers César.

“Dans chaque bouche p 307 …..v 54…

Apparition de Lucifer,Virgile explique la chute de Lucifer et l’origine de l’enfer

Chant XXXIV v, 20

“Voici Dité” …Le lieu ou il convient de s’armer de courage”

comme je devins alors glacé,sans force

ne le demande pas lecteur, et je ne l’écris pas,

car toute parole serait trop peu..

…s’il fut aussi beau qu’il est laid à présent

et s’il dressa les yeux contre son créateur

il faut bien que tout mal vienne de lui

Oh quelle stupéfaction ce fit pour moi

quand je vis que sa tête avait trois faces

L’une devant était vermeille,

et les deux autre, qui s’ajoutaient à la première

se rejoignant à l’endroit de la crête,

ur le milieu de chaque épaules:

la droite me semblait entre blanc et jaune;

la gauche était pareille, à la voir, à ceux

qui viennent du pays ou le Nil descend.

sous chacune partaient deux grandes ailes

à la mesure d’un tel oiseau;

…elles n’avaient pas de plumes, et ressemblaient

à celles des chauve-souris; et il les agitait;

de sorte que tris vents naissaient de lui,

qui faisait geler tout le Cocyte. ( fleuve infernal qui forme le 9 ième cercle)

Il pleurait de six yeux, et sur trois mentons

gouttaient les pleurs et la bave sanglante.

dans chaque bouche il broyait de ses dents

un pécheur, comme un moulin à chanvre,

si bien qu’en même temps il en suppliciait trois.

Pour celui de devant les morsures n’étaient rien

auprès des coups de griffe qui arrachaient parfois

toute la peau de son échine…”

Ils remontent à la surface en suivant un sombre chemin, creusé par le Léthé. Ils parviennent enfin à la surface de l’hémisphère austral, sous les étoiles, au pied de la montagne du Purgatoire.“

et par là nous sortimes à revoir les étoiles” v;139

Bien que Dante s’appuie sur la théologie de saint Thomas d’Aquin, il donne  aussi parfois une perspective personnelle jugeante et accablante de ses propres projections de l’enfer:

Il introduit des personnages de bonne réputation explicitement nommé comme Homère, Socrate, Platon qui ont eu la mauvaise idée de vivre avant Jésus-Christ.

Se montre d’un côté rempli de compassion pour les damnés, de l’autre il se réjouit de leurs supplices avec sadisme, surtout quand il s’agit de ses ennemis personnels.

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Dante et Virgile sortent du labyrinthe de l’enfer

Dante: La Divine Comédie

Le Purgatoire

Quand Virgile et Dante après avoir parcouru et traversé les cercles infernaux à travers un boyau obscur, débarquent sur la plage ils aperçoivent le mont du purgatoire en forme de pain de sucre. Une impression de bonheur les parcourt.

“Douce couleur de saphir oriental

qui s’accueillait dans le serein aspect

de l’air, pur jusqu’au premier tour…”Chant I, v.12

…“Ah comme ses bouches sont différentes

des bouches d’enfer; car on pénètre ici

parmi les chants, et là parmi des cris farouches”…

Autant les récits de son époque sont sur le purgatoire des sortes d’enfers ;Dante rompt avec ces hypothèses, et donne au lecteur l’image d’une montagne, habitée par les anges, ou l’art à sa place : sculptures, rencontres de poètes, musique, chants, image d’un lieu ou devenir bon signifie aussi être léger. Dante a choisi le purgatoire pour y sauver les souvenirs de cette renaissance des arts et de la poésie qui fit la gloire de l’Italie au XIII siècle.

Les âmes arrivent en chantant le psaume « In exitu Israël de Aegypto ». Chaque pécheur occupe une place relative à son péché, qui lui est systématiquement rappelé tandis qu’on invoque pour lui l’exemple de personnes qui se sont distinguées dans la qualité contraire. Au fur et à mesure qu’ils expient leurs fautes, les pénitents peuvent gravir la montagne, jusqu’à ce qu’ils parviennent à l’entrée du Paradis. Les prières des vivants peuvent alors les aider à en ouvrir les portes.

“Je vis une porte, et au dessous trois marches

pour y monter, de diverses couleurs,

et un portier qui gardait le silence.”

Chant IX, v. 76-78

 

 

 

 

L’antepurgatoire

Après avoir traversé la base de la montagne formée d’une plage circulaire, les voyageurs progressent vers le haut par une pente escarpée. Le mont est composé d’un antepurgatoire et de sept girons ou doivent attendre les morts.

Dans le premier groupe on trouve les morts en contumace de l’église, morts repentis sans avoir été relevés de l’excommunication. Ils attendent 30 fois le temps qu’ils sont restés hors de l’église.

….“Il est vrai que celui qui meurt en rébellion

contre la sainte Eglise, même si à la fin

il se repent, devra rester hors de cette rive

trente fois aussi longtemps qu’il est resté

dans sa présomption, si ce délai

n’est pas raccourci par de bonnes prières.”

….car on progresse ici grâce à ceux d’en bas…    III v; 135- 145

Dans le deuxième groupe on trouve les négligents, les indolents ceux qui ont attendu la dernière heure pour se réconcilier avec Dieu. Ils doivent subir une attente de la durée de leur vie avant d’aller au purgatoire.

“ Pourquoi es-tu assis en ce lieu ? attends-tu une escorte ?

…O frères, monter là haut, qu’importe ?

il ne ma laisserait pas aller aux martyres,

l’ange de Dieu, qui siège sur le seuil.

Le ciel doit tourner autant de fois

autour de moi qu’il a fait dans ma vie,

puisque j’ai retardé sans cesse les bon soupirs,

à moins qu’une prière ne m’aide auparavant,

venue d’un cœur qui vive dans la grâce. IV v;123-134

Dans le troisième groupe, on trouve les morts surpris par une mort violente, assassinat ou blessure de guerre ou repentis au dernier moment. Une larme suffit pour gagner le purgatoire. Dante invective l’Italie et Florence.

Dans le quatrième groupe, on trouve les princes de la Vallée fleurie. Ils ont un séjour privilégié. Ce sont des princes que le souci des intérêts temporels qui leur sont confiés a empêché jusqu’à l’approche de leur mort de s’occuper de leur salut. Cette vallée est gardée par 2 anges blonds contre le serpent (le diable).

 

 

 

 

 

De l’antepurgatoire au Purgatoire:

Dante s’endort vers 9h du soir pour ne se réveiller que le lendemain matin après un songe qui n’était que préfiguration de la réalité. Au même moment, Ste Lucie le prenait dans ses bras et le transportait jusqu’à la porte du purgatoire qui à sa prière fut ouverte par l’ange. Il est accueilli par le « Te Deum Laudamus » prière d’action de grâce et de reconnaissance. Avec son épée, l’ange marque sept « P » sur le front de Dante. Les sept « P » doivent être lavés à la sortie du purgatoire, chaque corniche où l’on reste plus ou moins longtemps permet d’effacer un péché.

L’entrée du Purgatoire est décrite avec poésie. l’Ange qui garde la porte a une épée. Son visage est superbe et lumineux. Il invite Dante et Virgile à entrer.

“Avancez donc jusqu’à nos marches!”

nous y allâmes; et le premier degré

était de marbre blanc si lisse et si pli

que je m’y voyais comme dans un miroir.

Le deuxième était noir plutôt que pourpre,

de pierre rude et calcinée,

et crevassée en long et en travers.

Le troisième qui fait masse au dessus,

me semblait de porphyre enflammé,

pareil au sang qui jaillit d’une veine.

L’Ange de Dieu tenait ses pieds posés

sur cette marche, et siégeait sur le seuil,

qui me semblait en pierre et diamant.

Je montai les degré de tout mon cœur,

entraîné par mon guide qui disait:” Demande lui

humblement qu’il ouvre la serrure”.

je me jetai dévot, à ses pieds sacrés:

je demandai miséricorde et qu’il m’ouvrit,

mais d’abord par trois fois je battis ma poitrine.

Il traça sept P sur mon front

du bout de son épée, et ”souviens-toi de laver,

quand tu seras dedans, ces plais”, dit-il.

La cendre, ou la terre qu’on extrait déjà sèche,

avaient même couleur que son vêtement;

il tira deux clefs de sous sa robe.

L’une était d’or l’autre d’argent;

d’abord avec la blanche, et puis avec la jaune,

il fit si bien qu’il me rendit content.

“ Chaque fois que l’une des clés se trompent,

et ne tourne pas bien dans la gâche,

dit-il, l’entrée ne s’ouvre pas.

L’une est plus précieuse; mais l’autre veut

plus d’art et d’industrie, avant d’ouvrir

car c’est elle qui défait le nœud.

Je les tiens de Pierre; et il m’a dit de me tromper plutôt en l’ouvrant qu’en la tenant fermée,

pourvu que les pécheurs s’abaissent à mes pieds”.

Puis il poussa l’huis de la porte sainte

en disant “ Entrez mais je vous avertis

que celui qui regarde en arrière doit sortir.”

Chant IX, V. 93-132.

 

 

 

 

 

 

 

 

Première porte : L’Orgueil

Sur la première corniche, les âmes des orgueilleux se purifient. Leur châtiment consiste à marcher les yeux à terre, les genoux à la poitrine accablés sous leur poids en rapport avec leur péchés. Des exemples d’humilité sont sculptés sur la paroi de la montagne. Des exemples d’orgueil punis sont sculptés sur le parement de la corniche.. L’ange chante le « Beati Pauperus Spiritu ».

Deuxième porte: L’Envie

Couverts de manteaux de couleur livides, adossés à la paroi livide de la montagne, les envieux ont des paupières cousues. Ils avaient jeté sur les biens d’autrui des regards chargés de désirs coupables, ils sont privés de vue. Leurs larmes transpercent les joues. Des voies soumettent des exemples d’amour à méditer. D ‘autres voies offrent à méditer des exemples d’envies passées. Les envieux répètent la litanie des saints. L’ange chante le « Beati Misecordis ».

“… Nous étions en haut de l’escalier…..

ce cercle-ci fustige

le péché d’envie, et c’est pourquoi

les cordes du fouet sont tressées d’amour.

Il faut que le frein soit fait d’un son contraire;

je crois que tu l’entendras, je l’imagine,

avant d’arriver au seuil du pardon.

…. Alors j’ouvris les yeux

regardai devant moi, et vis des ombres

avec des manteaux couleur de la pierre.

et quand nous fûmes un peu loin,

j’entends crier :” Marie, prie pour nous!

et :”Michel”, et Pierre, et Tous les Saints.

Troisième porte: La Colère

Dans une vision extatique, Dante contemple des exemples de douceur, vertu opposée à la colère; par exemple, la vierge au temple dit « Mon fils pourquoi as tu agi ainsi à notre égard, nous voici tout dolents, ton père et moi qui te cherchions », puis des scènes de colère ( le martyre de St Etienne).

Le châtiment des coléreux est de marcher dans la fumée qui représente symboliquement l’obscurantisme de l’intelligence que produit leur péché. Ils chantent « l’Agnus Dei ». L’ange de la troisième corniche chante « le Beati Pacifi ».

Dante expose la théorie du libre arbitre et recherche des causes à la corruption du monde. Selon lui, cette corruption provient du fait qu’il est mal gouverné dans la confusion des pouvoirs. Virgile expose à Dante la théorie de l’amour dont il déduit l’ordonnance morale du purgatoire. L’amour peut être instinctif naturel qui attire les uns vers les autres, les corps , les plantes, les animaux, les hommes, ou amour d’élection.

L’amour instinctif ne se trompe jamais de lui même. S’il se trompe c’est qu’il est dévoyé par l’amour d’élection (théorie apparentée de Saint Thomas D’Aquin). L’amour d’élection peut se tromper de trois manières : en se portant vers un objet indigne, en étant trop ardent, en étant trop peu ardent.

Quatrième porte: L’Accidia ( La paresse spirituelle)

Les accidiosi qui par crainte de l’effort, n’ont accompli qu’avec négligence le bien spirituel courent sans arrêt autour de la montagne précédés par deux d’entre eux qui répètent des exemples de diligence et suivis par deux autres qui crient des exemples d’accidia punie. Ce sont les seuls du purgatoire qui ne récitent aucune prière, ils inspirent le mépris analogue à celui envers les lâches du vestibule infernal mais beaucoup plus vif. L’ange chante le « Beati qui lugnet » (ceux qui pleurent).

Cinquième porte: L’Avarice et La Prodigalité

Les avares sont étendus pieds et poings liés face contre terre et ils récitent le psaume CXVIII confessant que pendant leur vie leur âme est restée « attachée à la poussière ». Ils ne peuvent regarder le ciel dont ils avaient détourné les yeux pour les porter par cupidité que sur des biens personnels. Les prodigues subissent le même supplice. Les exemples de vertu et de vice punis sont récités à voix plus ou moins haute par les esprits eux même : pendant le jour,sont récités des exemples de pauvreté et de générosité, pendant la nuit, sont récités des exemples de cupidité.

La montagne du Purgatoire tremble toute entière et les esprits entonnent le Gloria. Ces tremblements de terre sont dus aux esprits qui ont achevé leur purification. Stace auteur de la Thébaïde mais dont l’histoire est arrangée par le poète, est heureux de gagner le paradis après 12 siècles d’expiation. Il continue le chemin avec Dante et Virgile. L’ange chante une partie de la 4ième béatitude.

Sixième porte: La Gourmandise

Les esprits de la 6ième corniche, les gourmands, maigres et décharnés passent devant deux arbres qui excitent leur faim et leur soif. Une voix mystérieuse leur répète des exemples de tempérance puis des exemples de gourmandise punie. La prière des gourmands est le « Domine Labia Mea Aperies « . Pour illustrer la tempérance, Dante fait remarquer qu’aux noces de Cana, Marie pensait plus à rendre les noces honorables et sans privation qu’aux plaisirs de la bouche.

Septième corniche : La Luxure

Les luxurieux marchent dans le feu, symbole de la passion coupable qui les a entraînés sur terre. Ils chantent l’hymne “Summae Deus Clementia”. Les luxurieux sont divisés en deux troupes. Une troupe répète des exemples de chasteté. Une autre troupe crie des exemples de luxure punie. Au moment où les 2 troupes se croisent, les esprits se donnent un rapide baiser d’amour et de paix. L’ange chante le “Beati Mundo Corde” et oblige Dante, Virgile et Stace à traverser les flammes.

Virgile prend congé sans que son élève s’en doute. Près du Paradis, une voie chante « Venite, Benedicti, Patris Mei »

« venez les bénis de mon père » qui sont les paroles du Christ au jugement dernier.

Dante donne dans son récit du purgatoire :

–  Une autre place au corps, autant dans le cadre de l’enfer il en parlait comme d’un poids au purgatoire on le voit respirer.

–  Implicitement la question de la résurrection physique est aussi évoquée.

“Les âmes qui s’étaient aperçus,

à me voir respirer,que je vivais encore,

devinrent toutes pâles d’étonnement.

Et comme un messager qui porte l’olivier

attire la foule curieuse des nouvelles

sans que nul n’ait souci de la cohue,

ainsi ses âme fortunées

s’attachèrent toutes à mon visage,

comme oubliant d’aller se rendre belles.

Je vis l’unes d’elles se jeter en avant

pour m’embrasser avec tendresse

qu’elle me poussa à faire comme elle.

Oh ombres vaines, sauf en leur apparence!

Trois fois j’étendis mes autour d’elles,

trois les ramenais sur ma poitrine.

La stupeur, je crois, se peignit sur ma face;

car l’ombre sourit et se retira,… V;67-83

et, je m’avançais en suivant ses pas.

Chant II v. 67-84

-Au temps

Le meilleur moyen d’éviter ce lieu est de ne plus perdre de temps ou son temps. Du début à la fin de son parcours, Dante parle des pertes de temps occasionnés par sa curiosité, sa fatigue, ses bavardages.

– A l’importance de l’art pour évoquer cet univers que nos sens ne peuvent connaître directement. Son purgatoire se présente comme un paysage de  montagne aux mille couleurs, aux parfums sublimes, on y entend des chants, des psaumes, les chemins sont ornés de pierres précieuses.

A sa lecture l’imagination est sans cesse nourrit par la beauté, et l’intelligence sollicitée à deviner le sens spirituel des scènes bibliques ou mythologiques que Dante relate.

Dans sa lettre aux artistes du 4 avril 1999 Jean-Paul II, évoque Dante  de manière élogieuse, pour le pape ”l’art, à une profonde affinité avec le monde de la foi…il continue à constituer une sorte de pont jeté vers l’expérience religieuse. parce qu’il est recherche de la beauté, fruit d’une imagination qui va au delà du quotidien, l’art est par nature un appel au Mystère.”

Invention de Dante ? il nous parle aussi des vertus cardinales comme de quatre femmes très belles qui l’accueillent après une une purification dans le fleuve Léthé, juste à la limite du paradis.

“La belle dame ouvrit les bras;

elle m’embrassa la tête et me plongea

là où il me fallait avaler l’eau.

Puis elle m’en tira, et m’offrit, trempé,

à la danse des quatre belles;

et chacune me couvrit de son bras.”

Chant XXI, v. 100-105

Même hypothèse pour les vertus théologales:

“Trois dames autour de la roue droite

venaient en dansant; l’une était si rouge

qu’on la verrait à peine dans le feu;

l’autre était comme si sa chair et ses os

eussent été faits d’émeraude;

la troisième semblait de neige fraîche;

tantôt elles avaient l’air d’être guidées par la blanche,

tantôt par la rouge, au chant de qui

elles accordaient leur allure lente ou preste.” Chant XXI, v. 121-129

L’idée du Purgatoire a pris forme aux environs de 1200, avec le pape Innocent III. Toutefois, devant toute cette misère, Dante s’interroge sur la cause de la corruption générale des hommes et en conclut que c’est bien l’homme – avec son libre arbitre – qui en est seul responsable et, en tant qu’être social, responsable des autres. L’homme a été créé libre et il fait ce qu’il veut de sa liberté.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dante: La divine Comédie

Le Paradis

Le paradis est composé de 9 ciels ou sphères mobiles il est construit à l’inverse de l’enfer, 9 cercles concentriques dirigés vers le haut. On y croise de nombreux saints. Chaque cercle correspond à un ciel.

Dante les fait corresponde à des planètes, au nombre de 7 : le ciel de Lune, le ciel de Mercure, le ciel de Vénus, le ciel du Soleil (considéré à l’époque comme une étoile), le ciel de Mars, le ciel de Jupiter, le ciel de Saturne plus le ciel des étoiles et le ciel cristallin. C’est ce denier qui harmonise par son mouvement la révolution de tous les ciels. Les intelligences motrices en sont les anges.

Dans ces cieux sont logés les hommes sans péchés.

Toutes les âmes sauvées sont dans l’Empyrée, ciel immatériel et immobile, siège de Dieu, mais Dante les rencontre dans un des 9 ciels du Paradis. Ces âmes ne se retrouvent pas dans les étoiles comme dans la théorie de Platon.

À la fin du parcours les apôtres duChrist interrogent Dante, qui répond justement à leurs questions, et passe au dixième ciel (Empyrée).

Là, Béatrice ( Celle qui fut jadis une mortelle tendrement aimée revêt en cette occasion un visage bien différent : désormais désincarnée, elle devient une allégorie, une figure médiatrice, à l’instar de la Vierge, sans l’aide de laquelle, le pécheur qu’est Dante ne saurait accéder au royaume du ciel.)

le quitte et c’est St Bernard de Clairvaux qui devient le dernier guide de Dante. Il  adresse une prière à la Sainte vierge pour Dante et ce dernier s’éteint complètement en Dieu, “ Amour qui meut le ciel et les étoiles “.

Au Paradis, c’est Dieu qui décide où doivent se trouver les esprits qui s’accommodent de leur sort « Si nous désirions être plus élevés, nos désirs seraient en désaccord avec la volonté de celui qui nous attribue le séjour ». selon St Thomas d’Aquin « La volonté de Dieu est la règle première sur laquelle se règlent toutes les volontés raisonnables ». et « celui qui aura plus de charité verra Dieu plus parfaitement et aura plus de Béatitude ».

 

 

Premier ciel : Les Esprits qui ont manqué à leurs vœux

Les esprits de ceux qui sur terre n’ont pas complètement accomplis leurs vœux, soit par contrainte soit par manque de volonté, ont conservé une apparence humaine et apparaissent à Dante comme des reflets dans l’eau. Le poète ne les reconnaît pas à cause de leur beauté.

Piccarda Donati qui chante l’Ave Maria était entrée dans l’ordre des clarisses (ordre de Sainte Claire) pour avoir une vie contemplative. Elle fût brutalement arrachée à son cloître par son frère Corso chef des guelfes noirs qui à des fins politiques l’aurait promise à Rossellino Della Tosca, homme de parti d’une extrême violence. Béatrice explique à Dante que Piccarda se trouve dans le premier cercle des Béatitudes parce-qu’elle n’a pas renié son vœu, mais c’est aussi le plus éloigné de Dieu et en quelque sorte le moins méritant car elle n’a pas suffisamment résisté à son frère.

Béatrice explique également à Dante que l’homme ne peut rien donner en compensation d’un vœu aliéné. Elle explique aussi que certains vœux sont aveugles et « idiots ». Agamemnon a ainsi sacrifié sa fille Ephigénie pour obtenir des vents favorables. Jepshté a sacrifié sa fille en remerciement d’une victoire.

Deuxième ciel : – Esprits actifs et bienfaisants

Les esprits chantent « Hosanna, Sanctus Deus ». Justinien empereur romain passe en revue l’histoire de César à Charlemagne. Dante pose des questions auxquelles répond Béatrice :

1- Que signifie la phrase ambiguë de Justinien (« fut justement vengée une juste vengeance »)?

Réponse : La nature d’Adam était pure et bonne à l’image de son créateur, mais par sa seule faute, Adam fut banni du Paradis. Le châtiment de la croix était donc juste (Adam devait être puni) mais aussi injuste si on tient compte que c’est un autre (le Christ) qui l’a subit.

2 – Pourquoi Dieu n’a voulu que ce seul moyen (le mort du Christ) pour nôtre rédemption?

Réponse : Les êtres directement crées par Dieu, sont éternels, libres, et ressemblent à Dieu. Ces trois dons ont été accordés à l’homme, mais le péché le prive du second et du 3ième. L’homme en voulant se rendre égal à Dieu, pour atteindre sa hauteur infinie (livre de la Genèse) avait commis un péché d’orgueil infini et tout acte d’humilité ou d’impuissance qu’il aurait ensuite accompli pour racheter sa faute aurait été fini donc insuffisant. « Il ne pouvait pas descendre autant qu’il avait voulu monter ». Donc, seul Dieu pouvait racheter l’humanité et pour mieux témoigner de sa bonté, il a mis en œuvre deux voies possibles: sa miséricorde, en se donnant lui même plutôt qu’en faisant une simple remise du péché, et sa justice en employant le seul moyen suffisant qui était l’incarnation du fils de Dieu. « Jésus s’est humilié lui même en se faisant obéissant jusqu’à la mort sur la croix ».

3 – Quelles sont les créatures corruptibles, et celles qui sont éternelles ? d’où vient la différence?

Réponse : Les anges, les Ciel et l’Homme ont été crées directement par Dieu, ils sont incorruptibles donc éternels, alors que les animaux et les êtres ont été crées indirectement, ils sont donc incorruptibles,

3ème Ciel : Ciel de Vénus – Esprits aimants

Les esprits chantent « Hosanna ». Ces esprits bienheureux ont encore conservé quelque apparence humaine mais ne peuvent être distingués dans la clarté qui les enveloppent. Ces esprits ont subi l’influence amoureuse de la planète à condition qu’ils aient finalement dirigé l’ardeur de leur affection vers Dieu.

Dans ce ciel, on trouve Cunizza Da Romano qui eut trois maris et un nombre indéterminé d’amants parmi lesquels le troubadour Sordello. Cunizza est placée au Paradis par Dante car sa complexion amoureuse l’a d’abord conduite au péché, mais elle a oublié et c’est son ardeur à aimer Dieu qui leur a permis d’atteindre la Béatitude.

Charles Martell fait un exposé didactique d’un problème relatif à l’influence des ciels sur les dispositions personnelles des hommes.

1) Dieu exerce sa providence sur la terre par l’intermédiaire des ciels, donc leur influence doit agir en vue d’une fin préméditée.

2) Les influences doivent donc s’exercer de manière à ce que l’homme puisse vivre en société, or cela nécessite l’existence de professions et par la suite de dispositions et d’aptitude diverses.

3) Cette influence doit donc s’exercer sans tenir aucun compte des familles, sans faire de différence entre le riche et le pauvre, et la providence fait en sorte que les dons des enfants sont différents de ceux des parents.

Par l’éducation et par le choix des professions et des états, les hommes devraient favoriser les dispositions naturelles pour que la société soit heureuse, or ils font souvent le contraire.

Ce ciel est le dernier ou « se termine l’ombre de la terre ».

 

 

 

4ème Ciel : Ciel du Soleil – Docteurs et Théologiens

Les esprits ont abandonné leur corps, ce sont maintenant des lumières qui dansent et qui chantent, et dont l’éclat est plus vif que le soleil.

Une première couronne de 12 bienheureux philosophes et théologiens, présidée par St Thomas d’Aquin, le plus célèbre des Docteurs Dominicains et des frères prêcheur se présente à Dante. Saint Thomas d’Aquin célèbre les mérites et la sainteté de St François d’Assise fondateur de l’ordre des frères Mineurs puis se retourne contre ses propres frères et les blâme sévèrement. Il nous indique également que la Providence gouverne le monde et fait l’éloge de la sagesse du Roi Salomon. voir le chant XI dans sa totalité

Saint Bonaventure, le plus grand Docteur Séraphique de l’ordre des frères Mineurs, présente une 2ième couronne de 12 bienheureux, glorifie Saint Dominique et accuse les frères Mineurs dégénérés.

5ème Ciel : Ciel de Mars – Chevaliers de Christ

Les lumières que voit Dante forment les 2 branches d’une croix grecque, sur laquelle le poète distingue, brillant dans un éclair, l’image du Christ.

Dans ce ciel, Dante rencontre Cacciaguida son trisaïeul qui remercie Dieu de la grâce accordée à son descendant et qui dresse un tableau idyllique de la vieille Florence et de ses antiques vertus, puis passe en revue des anciennes familles qui par des vertus austères, ont fait la gloire de la commune pour prouver que le bonheur n’est pas lié à l’accroissement des richesses mais est rapidement ruiné par le développement des rivalités et des luttes intestines.

6ième Ciel : Ciel de Jupiter – Princes justes et sages

Dans ce ciel, on trouve les esprits des Princes qui ont fait régner la justice sur terre. Ils écrivent lettre de feu par lettre de feu, les cinq premiers mots du livre de la sagesse « DILIGITE IUSTITIAM QUI INDICATIS TERRAM » (aimez la justice vous qui jugez la terre), puis forment l’aigle impérial que la Divine Providence a chargé de réaliser ses desseins sur la terre.

L’œil de l’aigle est composé de 6 esprits des princes justes et sages et qui occupent au ciel une place prééminente : David, Trajan, Ezéchias, Constantin, Guillaume le Bon, Riphée. Oh surprise! Trajan et Riphée sont de païens.

L’aigle explique que les jugements de Dieu sont impénétrables et c’est ceux qui accomplissent la volonté de Dieu, y compris certains païens, qui seront sauvés. Trajan est sauvé par le pape St Grégoire qui obtient par ses ferventes prières le salut de l’empereur. Riphée est sauvé grâce à l’éloge de Virgile qui dit que c’est « le plus juste et le plus vertueux des Troyen”  St Thomas d’Aquin admet que des païens peuvent être sauvés par une foi implicite à la Divine Providence, en croyant dans la mesure de leurs moyens que Dieu avait été le libérateur des hommes. « Et vous, mortels, soyez réservés dans vos jugements; car nous qui voyons Dieu, nous ne connaissons pas encore tous les élus ».

7ième Ciel : Ciel de Jupiter – Esprits contemplatifs

C’est le ciel du silence pour les esprits bienheureux qui ont mené sur terre une vie contemplative. Les âmes saintes descendent de l’échelle de Jacob dont le sommet invisible atteint l’Empyrée. Saint Pierre Damien nous indique que les desseins de la prédestination sont impénétrables. Dante invective les cardinaux. Saint Benoit apparaît à Dante et se charge de la critique de ses fils dégénérés avec des pensées méprisantes à la terre et à ses misérables querelles.

8ième Ciel : Ciel des étoiles – Triomphe du Christ et de la Vierge

Toute la milice céleste escorte le Christ et la Vierge pour célébrer leur triomphe en chantant « Regina Coeli ». Dante passe un triple examen, devant Saint Pierre pour la Foi, devant Saint Jacques pour l’Espérance, devant Saint Jean pour la Charité. Il reçoit comme récompense la joie de voir l’âme d’Adam. Adam aurait vécu 935 ans et serait resté au Paradis 4302 ans. Selon le poète, qui suit la pensée de Saint Thomas d’Aquin, le péché du premier homme fut un péché d’orgueil: Il désira un bien spirituel au delà de la volonté de Dieu. Saint Pierre invective les papes Boniface VIII, Clément V, Jean XXII, déjà placés en enfer et confirme à Dante sa mission (voir Purgatoire).

9ième Ciel : Premier Mobile – Chant XXVIII et XXIX

Les 9 chœurs des anges apparaissent à Dante comme des cercles lumineux qui tournent autour d’un point éblouissant, image de Dieu. Les chœurs sont les intelligences motrices des 9 ciels Le premier mobile reçoit directement directement de l’Empyrée le mouvement qu’il transmet aux autres ciels. Béatrice explique le rapport des 9 cercles aux 9 cieux.

Les anges rebelles et anges fidèles.v 55-63

“ …Cause de la chute fut le maudit

orgueil de celui là que tu as vu

forcé par tous les poids du monde.

Ceux que tu vois ici eurent la modestie

de se reconnaître crées par la bonté

qui les avait faits prêts à tout comprendre;

c’est pourquoi leur vision fut exaltée

par grâce illuminante et par leur mérite,

si bien qu’ils ont la pleine et ferme volonté;….

Ciel

Intelligence Motrice

Lune

Anges

Mercure

Archanges

Vénus

Principautés

Soleil

Puissances

Mars

Vertus

Jupiter

Dominations

Saturne

Trônes

Etoiles

Chérubins

Premier Mobile

Séraphins

Empyrée

DIEU

On entend chanter « l’Hosanna » en trois chœurs. Béatrice explique la création des anges qui toujours selon Saint Thomas d’Aquin ont été crées  par amour, de façon instantané et en toute perfection. Une partie des anges est devenue infidèle. Leur nombre dépasse la conception humaine.

 

 

 

 

 

Dixième ciel ou Empyrée – Dieu, les Anges, les BienheureuxChant XXX

L’Empyrée, ciel immatériel et immobile, de « pure lumière », est le siège de Dieu et de sa cour, composée de deux milices célestes, les anges et les bienheureux. Dante découvre la rose céleste. Béatrice est remplacée par Saint Bernard, abbé fondateur de Clairvaux, contemplatif et fidèle serviteur de la vierge Marie. C’est Saint Bernard qui conduira Dante jusqu’à la vision Béatifique.

Saint Bernard explique à Dante la structure de la rose céleste. Adam est le père spirituel de ceux qui ont cru que le Christ viendrait. et Saint Pierre est le père spirituel de ceux qui ont cru au Christ Venu. Saint Bernard récite la prière finale. La vierge intercède auprès de Dieu pour que Dante obtienne la Béatitude suprême de la vision Divine. Il ne désire plus que ce que Dieu Veut.

L’archange Gabriel chante « Ave Maria Gratia Plena ».

 

 

 

 

 

Prière de St Bernard à la Vierge Marie en faveur de Dante

Chant XXXIII du Paradis

« Toi, la vierge et la mère et fille de ton fils,

humble et haute au-delà de toutes créatures,

terme prédestiné du dessein éternel,

tu rendis sa noblesse à l’humaine nature,

puisque c’est grâce à toi que son Auteur lui-même

a daigné devenir sa propre créature :

et ce fut dans ton sein qu’a repris feu l’amour

à la chaleur duquel, dans la paix éternelle,

a pu s’épanouir cette fleur que voici.

C’est toi, de notre amour flambeau méridien –

ici-haut et sur terre, au monde des mortels,

c’est toi la source vive où jaillit l’espérance.

Femme, tu fus si grande et ta puissance est telle

que qui veut une grâce et n’accourt pas vers toi,

veut que son désir vole et lui refuse l’aile.

Ta bonté rejaillit en faveur de celui

qui t’appelle au secours, et prévient bien souvent

et libéralement la demande qui tarde.

En toi miséricorde et en toi la pitié,

en toi magnificence, en toi se réunit

tout ce que le créé possède de bonheur.

Voici que celui-ci, du plus profond abîme

l’univers, venant jusqu’à notre sommet,

a connu tour à tour les âmes et leurs vies.

Il implore à présent de ta grâce la force

de pouvoir élever ses yeux encore plus haut,

afin de contempler le suprême salut.

Et moi, qui n’ai jamais désiré pour mes yeux

plus fort que pour les siens, je t’offre mes prières,

te suppliant aussi de vouloir m’écouter,

pour que par l’oraison tu dissipes toi-même

tout le brouillard qu’il tient de sa forme mortelle,

et que brille à ses yeux le suprême bonheur.

Et je t’implore encore, ô Reine, car tu peux

ce que tu veux, qu’il garde, après un tel spectacle,

les mêmes sentiments immuables et purs.

De son cœur trop humain que ta garde triomphe !

Regarde Béatrice et tous ces bienheureux,

qui soutiennent mes vœux avec leurs deux mains jointes ! »

Rencontre de Dante avec Dieu

….Les yeux que Dieu chérit et vénère à la fois

se fixèrent alors sur l’orateur, montrant

combien ils ont en gré les prières dévotes.

Puis ils furent chercher la Lumière éternelle

où l’on se tromperait, pensant que l’œil mortel

pourrait s’aventurer avec tant d’assurance.

Et moi, qui m’approchais du terme de mes vœux,

je sentis tout à coup, comme on doit le sentir,

s’éteindre dans mon sein l’ardeur de mon désir.

Bernard, en souriant, me montrait par des signes

qu’il fallait regarder vers le haut ; mais déjà

j’étais, par moi tout seul, tel qu’il m’avait voulu”…

“Puisque par le regard de plus en plus limpide

j’entrais de plus en plus dans le bain de lumière

de la clarté suprême où vit la vérité.

À partir de ce point, ce que j’ai vu dépasse

le pouvoir d’exprimer, qui cède à ce tableau,

et la mémoire aussi cède à tout cet excès.

Comme un homme qui voit des objets dans un songe

et en se réveillant ne garde dans l’esprit

que les impressions, et les détails s’effacent,

tel je suis maintenant : ma vision s’estompe

jusqu’à s’évanouir, mais il m’en reste encore

dans le cœur la douceur que je sentais alors :

telles sous le soleil disparaissent les neiges,

tel le vent emportait sur de frêles feuillets

les vers mystérieux qu’écrivait la Sibylle.

Ô suprême clarté qui t’élèves si haut

au-dessus des concepts des hommes, prête encore

au souvenir l’éclat que je t’ai vu là-haut,

et raffermis aussi ma langue par trop faible,

que je puisse léguer à la gent à venir

de toute ta splendeur au moins une étincelle.

puisque, si tu reviens un peu dans ma mémoire

et si tu retentis tant soit peu dans mes vers,

on ne saurait y voir que ton propre triomphe !

je crois, tant était fort le rayon pénétrant

e j’ai dû soutenir, que j’aurais pu me perdre,

si j’avais détourné mes yeux de son éclat.

Ce fut, je m’en souviens, cela qui m’enhardit

à soutenir sa vue, et la Force infinie

qui se fondait en elle et ne faisait plus qu’un.

Ô grâce généreuse où j’ai pris le courage

de plonger mon regard dans la Clarté suprême,

jusqu’au point d’épuiser la faculté de voir !

Dans cette profondeur j’ai vu se rencontrer

et amoureusement former un seul volume

tous les feuillets épars dont l’univers est fait.

Substances, accidents et modes y paraissent

coulés au même moule et si parfaitement,

que ce que j’en puis dire est un pâle reflet.

Et je crois avoir vu la forme universelle

de l’unique faisceau, puisque tant plus j’en parle,

plus je sens le bonheur qui me chauffe le cœur.

Ce seul point fut pour moi la source d’un oubli

bien plus grand que vingt-cinq siècles pour l’entreprise

où l’ombre de l’Argos intimidait Neptune.

C’est ainsi que l’esprit qui restait en suspens

regardait fixement, immobile, attentif,

et son désir de voir ne pouvait s’assouvir.

Tel est le résultat produit par sa lumière,

qu’on n’imagine pas qu’on pourrait consentir

à le quitter des yeux pour quelque autre raison

puisque en effet le bien, objet de nos désirs,

s’y trouve tout entier ; et tout ce qui s’y trouve,

étant parfait en elle, est imparfait dehors.

Désormais mon discours, pour ce dont j’ai mémoire,

sera plus pauvre encore que celui d’un enfant

dont le lait maternel mouille toujours la langue.

Ce n’est pas que l’on vît dans le vivant éclat

que j’admirais là-haut, plus qu’une simple image,

car il est toujours tel qu’il a toujours été ;

mais comme de mes yeux, pendant qu’ils regardaient,

la force s’augmentait, mon propre changement

modifiait aussi cet aspect uniforme.

Dans la substance claire et à la fois profonde

de l’insigne Clarté m’apparaissaient trois cercles

formés de trois couleurs et d’égale grandeur ;

et l’un d’eux paraissait être l’effet de l’autre,

comme Iris l’est d’Iris, tandis que le troisième

jaillissait comme un feu des deux en même temps.

Ah ! que ma langue est faible et revêt lâchement

mon idée ! et combien, auprès de ce spectacle,

celle-ci reste pauvre et semble moins que peu !

Éternelle clarté, qui sièges en toi-même,

qui seule te comprends et qui, te comprenant,

et comprise à la fois, t’aimes et te souris !

Lorsque j’eus observé quelque peu du regard

ces cercles assemblés, qui paraissaient conçus

en toi-même, à l’instar des rayons réfléchis,

je pensai retrouver tout à coup dans leur sein,

de la même couleur, une figure humaine :

c’est pourquoi mon regard s’y fondit tout entier.

Comme le géomètre applique autant qu’il peut

à mesurer le cercle son savoir, sans trouver,

malgré tous ses efforts, la base qui lui manque,

tel, devant ce tableau, j’étais resté moi-même :

je voulais observer comment s’unit au cercle

l’image, et de quel mode elle s’était logée.

Mais j’étais hors d’état de voler aussi haut ;

quand soudain mon esprit ressentit comme un choc

un éclair qui venait combler tous mes désirs.

L’imagination perdit ici ses forces ;

mais déjà mon envie avec ma volonté

tournaient comme une roue aux ordres de l’Amour

qui pousse le soleil et les autres étoiles.

Conclusion

Œuvre visionnaire grandiose; préoccupée du réel et de l’éternel, la Divine Comédie est la somme gigantesque du Moyen Âge chrétien finissant.

Cette œuvre poétique de Dante est impressionnante, de précision de puissance, voyage initiatique,certains ont même évoqué un “vol chamanique” qui révèle au poète les arcanes de la Vérité.

Descente mortifère vers l’Enfer, puis remontée progressive et purificatrice à travers le Purgatoire vers l’apothéose du Paradis.

Suivant dans cette ascension le poète latin Virgile, référence à tout l’héritage antique, puis Béatrice, la femme aimée. Le poète Dante exalte une spiritualité de la quête et de l’union, où le désir et l’Amour tiennent la première place.

Ce chemin spirituel est aussi une transmutation, qui mène Dante à travers les différents “états” de la réalité, jusqu’à la vision directe de Dieu.

 

 

En désirant dans notre vie, l’Amour de la vérité, le désir du Bien du Beau du Vrai dans la pure lumière de l’Amour, la justice s’accomplira, ultime moment ou s’exercera notre liberté en assumant définitivement ce que notre âme aura choisi.

 

 

 

 

 


[1] Edition GF Flammarion, présentation et traduction de Jacqueline Risset